Un cas loin d'être isolé, d'après notre passage dans d'autres boutiques vendant des potions prêtes à l'emploi. Sainte-Mangouste même délivre davantage d'ordonnances. L'hôpital a toujours pratiqué des prix légèrement plus élevés pour les potions d'urgence que les boutiques privées, chose fort logique puisque ce n'est pas la raison première de leur existence, mais n'a su endiguer la montée des prix de la Pimentine.
"En fait, ce n'est pas la Pimentine directement" explique Mr Jitters. "La potion elle-même n'est pas si complexe à brasser et nous avons normalement les stocks pour faire face à un hiver tardif mais rude comme celui que nous subissons. Non, le problème est le prix des ingrédients."
C'est chose aisément vérifiable chez n'importe quel apothicaire : certains ingrédients ont vu leur prix doubler, voire tripler. Le record absolu est détenu par les œufs de salamandre, passé de six mornilles le lot à plus de quatre gallions. Là encore, il s'agit d'une convergence de facteurs : non seulement les gens ont tendance à détruire les œufs de salamandre chez eux en cas d'infestation sans les récupérer et les revendre, comme cela se faisait souvent dans le passé ; mais surtout les élevages de salamandres du monde entier ont été touchés depuis quelques mois par une terrible épidémie.
"Un ravage", témoigne Alyssa Whitehead, du département de Contrôle et de Régulation des Créatures Magiques. "Des éleveurs de tout le territoire nous ont appelé, et c'est la même chose à l'étranger : un virus magique, inconnu jusque là, s'est propagé à une formidable vitesse dans les élevages. Plus de la moitié de la population de salamandres a été exterminée et, même si le Ministère a débloqué à plusieurs reprises des fonds d'urgence afin d'aider les éleveurs et qu'un nouveau programme de reproduction national a été lancé, la situation est loin d'être rétablie."
Des nouvelles inquiétantes, donc. La fiole de Pimentine se vent actuellement à huit mornilles et six noises, soit plus du double de l'année dernière. Comme cela nous a été témoigné à de multiples reprises, tant par les familles que par les commerçants, se soigner d'un simple rhume devient compliqué. De nombreux Nés-Moldus ont d'ailleurs admis être allés se soigner chez les les moldus, où "une boîte de médicaments, même si moins efficace que la Pimentine, coûtera moins d'une livre" explique un jeune homme anonymement interrogé dans la rue.
A notre demande de savoir si des mesures efficaces seraient prises concernant ce manque d'accès aux soins, Mrs Whitehead s'est excusée de ne pouvoir répondre : nous devrions selon elle nous adresser directement au Département de la Santé et des Dommages Magiques et Corporels. A l'heure où nous publions cet article, nous n'avons pas encore reçu de réponse de leur part à notre hibou pourtant express.
Nous tenons néanmoins à rappeler que, en cas de graves difficultés financières ou d'aggravation de la maladie, il est toujours possible de consulter à Sainte-Mangouste en mentionnant simplement ce fait à l'accueil de l'hôpital.