Fuites et pustules

« Trois de nos pharmasorciers ont été grièvement blessés dans l’exercice de leur fonction alors qu’ils utilisaient un chaudron défectueux ! » a déclaré M. Gérard Delacolline, directeur du plus grand Centre Médicomagique du pays.
Au Ministère, le directeur du Département pour les Urgence Sanitaires et Troubles magiques (DUST), M. Pan Talaemon, a renchéri : « Les chaudrons anglais et gallois sont tristement réputés pour la faible épaisseur de leur fond. La mésaventure de ces employés n’est que la dernière en date d’une trop longue série. Aujourd’hui, ils en ont été quittes pour quelques furoncles aux jambes et des pieds comme des enclumes, qu’en sera-t-il la prochaine fois ? »
Haro sur les raclures
« Cet embargo a été mûrement réfléchi et a été validé par le Ministre en personne. Depuis de nombreuses années, des artisans britanniques peu scrupuleux raclent le fond de leurs chaudrons pour économiser quelques Mornilles. Pour quel résultat ? Nos apothicaires voient leurs ustensiles trop fins fondre lors d’opérations éminemment délicates ! » explique M. Enguerrand Tête-Debois, directeur du CRADo.
Dans les couloirs de l’institution londonienne, peu de voix s’élèvent pour démentir cette affirmation. Mr. W., une source haut placée qui souhaite garder l’anonymat, abonde même : « Depuis des années, des rapports sont régulièrement publiés pour critiquer ces pratiques. Malheureusement, les artisans étameurs sorciers forment une puissante corporation. »
Conflits d’intérêts au chaudron
« Je ne suis pas surpris par cette mesure. Le continent essaie à nouveau de nous imposer ses normes et ses diktats mais nos chaudrons sont d’une grande qualité, et cela depuis plus de trois siècles ! Je ne suis pas né de la dernière pluie, cependant, et je n’oublie pas que M. Tête-Debois est lui-même dirigeant d’une entreprise de chaudronnerie en Auvergne… »
Le principal intéressé n’a pas souhaité réagir à ces allégations. Gageons que nous verrons bientôt une autre étape de cette « guerre des chaudrons »…