Aucune information n'a jamais filtré sur son mode de fonctionnement, sa création proprement dite. Cela n'a pas découragé votre brave enquêteur qui vous présente aujourd'hui le fruit d'années d'enquêtes, de fouille d'archives poussiéreuses, d'un casse au sein même du Vatican pour accéder à leurs bibliothèques interdites. Et rangez trompettes et tambours : la réalité est loin, très loin d'être belle. Vous allez immédiatement comprendre pourquoi elle a soigneusement été enterrée, et soyez certains que cet article sera décrié puis censuré à sa parution même.
Examinons la chose du point de vue des règles magiques. Pour la production d'or, ce n'est pas réellement un problème, cela ne jure avec aucune des lois magiques établies. Il s'agit de métamorphose, et les maîtres dans cette matière sont capables de faire cela. La Pierre n'est donc qu'une application des principes existants, comme nous l'a confirmé la directrice de Poudlard, l'exceptionnelle professeur McGonagall, Maître en Métamorphoses :
Rappelons qu'en magie, l'équivalence est une loi universelle : pour pratiquer de la magie, vous donnez votre énergie, d'où votre fatigue après une session trop intense ou parfois vos migraines suite à un sort très compliqué. Il s'agit donc de donner quelque chose d'équivalent à une vie prolongée, encore et encore, au mépris des lois de la nature. Même en magie, la Mort n'est pas quelqu'un avec qui jouer aisément : j'en prends pour preuve le Conte des Trois Frères raconté à chacun de nos enfants. Lorsque le jour vient, il vient, et il n'est pas naturel de tenter de s'y opposer. Tous ces essais sont d'ailleurs classés en magies noires et abjectes. Tous, sauf un : la Pierre Philosophale.
A priori, c'est parce que personne n'a jamais su la fabriquer en-dehors de Flamel. Recherchons donc : qu'est-ce qui est équivalent à une vie ? La première hypothèse qui nous vient est assez évidente : une autre vie.
Attendez… Flamel n'a jamais tué personne. N'est-ce pas ?
A la réflexion, ce n'est pas la première fois que cette hypothèse apparaît dans le monde magique. J'en prends pour preuve le nombre de cultures totalement différentes axée sur le sacrifice, humain ou non : druides, aztèques et mayas n'en sont que quelques exemples. La vie ainsi prise prolongeait celle du ritualiste ou de son peuple, rendant la victime au cycle naturel pour s'en sortir soi-même. Cela relève de nos jours de magie noire, bien entendu, et personne n'imaginerait Nicolas Flamel un couteau sacrificiel à la main.
Mais… car il y a un mais majeur. Non, je n'imagine pas Nicolas Flamel un couteau à la main. En compulsant les archives du Vatican cependant, certains détails sautent aux yeux. Un ou deux morts ne suffiraient pas à créer un artefact d'un tel pouvoir, sinon il aurait été recréé bien des fois. Après tout, beaucoup de mages noirs ont admis avoir eu recours aux sacrifices et aux meurtres, jusqu'à Celui-Dont-On-Ne-Prononce-Toujours-Pas-Le-Nom il y a une vingtaine d'années, sans succès. Or, à l'époque de Flamel, il y a eu plus que quelques décès.
Flamel est connu pour son voyage en Orient dans sa jeunesse. Il affirme lui-même, dans ses mémoires, en tirer de grands enseignements. Il en rentrera au milieu du XIVème siècle. Moins de deux ans après, une terrible épidémie arrivera d'Orient, encore crainte de nos jours et connue sous le nom de Peste Noire. Elle causera des millions et des millions de morts. Coïncidence, me direz-vous. Diffamation, ajouteront d'autres.
Pourtant, en examinant le phénomène, celui-ci est terrifiant : cette peste était différente de toutes celles connues auparavant, terriblement mortelle, se propageant à une vitesse formidable. Les moldus qui ont analysé le virus de nos jours sont parvenus à des conclusions surprenantes : "Cette mutation du Yersinia Pestis était hors du commun" écrit ainsi l’épidémiologiste Irvine dans un article daté de 1998 de la revue PloS Pathogens. "Totalement imprévisible, ce n'était pas un facteur qui avait muté comme c'est le cas des autres épidémies, mais des dizaines en même temps. Le virus en est sorti totalement transformé, imprévisible et terriblement mortel. Les gens n'avaient pas le temps de construire de défenses immunitaires avant que le virus ne se propage : il n'y avait aucune résistance possible face à lui."
Votre serviteur s'est procuré des exemplaires de ce fameux virus reconstitué, curieux de ce que des moldus avaient pu voir là-dessus. Je l'ai présenté à différents spécialistes, Maîtres de Potions, Langue-de-Plomb, sans leur dire de quoi il s'agissait, et leur verdict est sans appel : "Alchimie. Ce que vous me montrez là est bien trop différent de l'original, il n'aurait pas pu évoluer seul comme ceci. La base est la même, mais tout le reste change. Les symptômes sont plus violents, mortels. Les moldus appellent ceci, je crois, une arme bactériologique." (Source: un Langue-de-Plomb du Ministère qui a souhaité garder l'anonymat).
Coïncidence toujours ? Il semblerait plutôt que le Niffleur ait débusqué la pièce. Flamel voulait-il une maladie d'une telle ampleur ? Probablement pas. Après tout, il avait réalisé sa Pierre dans les plaines d'Asie centrale, comme il l'affirmait lui-même, chez des moldus de l'Est que la société de l'époque pensait bien inférieurs. Il n'était pas possible de prévoir que le fléau prendrait une telle ampleur et parviendrait jusque dans nos contrées, semant la mort sur son passage.
A l'époque, l’Église moldue avait accusé les sorciers et le Diable d'être responsable de cette plaie. Bien des gens ont fini sur les bûchers pour avoir propagé la maladie. De toute évidence, c'était l'une des rares fois où l’Église avait raison : un sorcier était bien à l'origine de cela. Il en a tiré l'un des plus grands artefacts jamais réalisés par magie et à quel prix : plusieurs millions de morts.
Sans doute devrions-nous nous réjouir de la destruction finale de cette Pierre. Encore plus certainement devrions-nous empêcher toute tentative ultérieure de la reconstruire et répandre cette triste histoire en guise d'avertissement.
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