James: Patmol, tu as passé le plus clair de ton temps à comploter avec le Professeur Burbage en salle d’étude des moldus. Et maintenant que tu reviens un peu vers tes amis… tu brilles par ton absence!
Curieuse fille d’ailleurs… Dumbledore devait avoir un humour bien particulier d’avoir désigné comme préfète une élève aussi asociale. Un caractère exécrable, une intelligence redoutable, une attirance pour les lieux les moins accueillants…
Étonnamment, Peter semblait bien s’entendre avec elle: entre rejetés, on se comprend mieux, peut-être. “Elle m’aide à comprendre les cours, me fait réviser mes sortilèges, elle invente des contes magnifiques… Quand on vient lui parler gentiment, sans vouloir se moquer, elle est très gentille. Vous vous souvenez, la blague du Niffleur et du Vif d’Or? Elle vous avait bien fait rire. Eh bien c’est elle qui me l’avait racontée. Déjà qu’elle n’a quasiment aucun ami, en plus sa famille lui manque beaucoup pendant l’année scolaire, comme son père est moldu… Non vraiment, quand on prend la peine de la connaître, c’est une amie formidable!”
James s’était montré incrédule, le soupçonnant de s’être plutôt laissé charmer par les longs cheveux sombres et son incroyable regard doré. Alors pourquoi aujourd’hui semblait-elle canaliser toute l’attention de Patmol? Il devait lui préparer un mauvais coup… mauvaise idée, elle avait le coup de baguette vif! Et pas que de baguette.
Laya leva le nez de son assiette quand les chouettes et hiboux firent leur entrée. Semblables à des avions de guerre bruyants et désordonnés, qui slalomaient de manière affolée entre les bougies de Noël flottant en l’air. A défaut de légers flocons frais et duveteux, ils préféraient mitrailler des salves de lettres dans les assiettes et larguer des paquets cadeaux bariolés sur les têtes. L’un d’entre eux chuta bruyamment devant elle.
Un cadeau en avance de la part de sa famille? Pourtant elle les verrait dans 2 jours pour passer les fêtes ensemble, à sa grande hâte! Mais quand elle déballa le paquet, pendant un instant, ses voisins firent attention à elle. Ou plutôt à l’objet qu’elle tenait: un boîtier à boutons, avec une petite vitre, relié à un cache-oreilles métallique. A coup sûr, artisanat moldu!
Laya n’en revenait pas de tenir un walkman flambant neuf dans ses mains, en plein repas à Poudlard. Dans le genre “hors sujet”, on ne faisait pas mieux! La carte made in Pré-au-Lard qui l’accompagnait expliquait que l’appareil avait été “remanié” pour fonctionner également en monde sorcier, que la cassette qu’il contenait était enregistrée de plusieurs musiques aussi bien moldues que sorcières…. Comment ça, la cassette!! Elle stoppa sa lecture en plein vol pour enfiler le casque et activer l’objet.
D’un coup, c’est comme si la foule et le boucan s’étaient éteints. D’un coup, il neigeait doucement sur sa tête. La lumière dorée des bougies éclairait son salon et le sapin était d’une beauté colossale. Et ça sentait furieusement bon du côté de la cuisine! Dans ses oreilles, Tchaïkovski jouait du violon sur son âme. Et les Bizarr Sisters firent une entrée remarquable juste à sa suite!
Sur Twist and Shout, son père lui avait appris à danser le rock. Avec En chevauchant l’Hippogriffe, elle avait attendu des heures devant sa fenêtre que le Père Noël pointe le bout de son nez. Elle avait chanté à tue-tête et fait l’andouille avec sa mère sur Enchanté en chantant et avait passé des heures à rêver avec la Symphonie de la Vélane d’Argent. Elle porta frénétiquement une main à ses lèvres en reconnaissant les premières mesures de la toute dernière chanson de la bande, dont elle avait presque oublié l’existence, Bohemian Rhapsody.
La cassette était terminée depuis plusieurs minutes et Laya restait parfaitement immobile, laissant son esprit atterrir doucement. Elle reprenait peu à peu conscience de son entourage, l’école déplaisante et les petits malins qui lui demandaient si elle respirait encore. Elle se redressa pour balayer fiévreusement la salle, d’un regard humide. Aucune réaction à l’horizon qui puisse trahir le Père Noël du jour, il resterait visiblement anonyme. Ou bien….
Elle se souvint de la carte qui accompagnait son cadeau et lut la dernière ligne du texte. “Tu n’es pas vraiment seule, même ici. Je te souhaite de joyeuses fêtes et surtout d’être très heureuse.” Pas de signature, rien qu’une simple étoile coloriée en noir.
Tandis qu’une douce neige tiède tombait finalement du plafond de la salle, les trois autres Maraudeurs étaient perplexes, ne partageant que très peu la magie du moment.
Peter: Mais Patmol, c’est des efforts pour rien, elle ne va jamais te reconnaître comme ça!
Sirius: Pas grave. J’aimerais juste qu’elle soit un peu plus heureuse dans son quotidien. J’en demande pas plus. J’imagine qu’elle a un joli sourire, j’aimerais un peu plus le voir.
Remus: Je ne comprends pas, c’est ta gymnastique de la journée, de séduire les filles. Va donc la retrouver, sors lui ton sourire le plus ravageur et….
Sirius: J’ose pas!
Un silence aux yeux écarquillés accueillit cet aveu stressé. D’une voix posée, James reprit contenance et annonça au petit groupe:
James: Messieurs, à mon signal nous allons laisser Patmol gérer tout ça et filer très vite dans le couloir.
Sirius: Qu’est-ce que tu racontes?
James (souriant): Elle est en train de se diriger pile sur toi, juste dans ton dos. Et tu as raison, elle a vraiment un joli sourire. Joyeux Noël, Patmol!
[Ecrit par Laya , Illustration par Miss M. , invitée.]